22 Décembre 2016
L’information est transmise au moyen d’un code, ou langage, qui remplace aux objets réels ou aux idées des signes qui correspondent. Les systèmes structurés de signes sont décrits par la sémiologie. La pragmatique concerne le traitement des informations : son élaboration est son interprétation. Nous allons voir ici les termes sémiotique des signifiants et signifiés ainsi que la polysémie, la pragmatique, ou encore l'importance des messages implicites et explicites...
La sémiotique étudie le processus de signification, c'est-à-dire la production, la codification et la communication de signes. Elle est née des travaux de Charles Sanders Peirce.
Actuellement, depuis Charles W. Morris1, on distingue trois "dimensions" de la sémiotique :
Le signe établit une correspondance entre le signifié (monde des objets et des idées) et le signifiant (monde du langage). Il existe trois sortes de signes :
La fièvre est l’indice (ou le symptôme) d’une infection, le ronron d’un chat de sa satisfaction.
Pictogrammes, icones de l’ordinateur, panneaux routiers…
Le feu rouge est un signe arbitraire pour indiquer l’arrêt, de même que la colombe représente l’idée de la paix.
Un signe est composé d’un signifiant et d’un signifié. Le signifiant et le signifié sont indissociables : ils ne peuvent pas être séparés.
Le signifiant est une association de lettres formant des sons. C’est, en quelque sorte, le contenant.
Le signifié est le sens, la définition du signe. C’est le contenu.
Le mot chien est un signe parce que c’est une forme composée de lettres (le c, le h, le i, etc.) et parce qu’il est doté d’une signification (un animal domestiqué par l’homme).
La polysémie est la qualité d'un mot ou d'une expression qui a deux, voire plusieurs, sens différents (on le qualifie de polysémique).
A l’intérieur d’un même code ou système, un signe peut avoir plusieurs signifiés : on parle de polysémie. C’est le contexte qui indiquera le sens à retenir.
Le fond de commerce inscrit au bilan n’est pas l’arrière d’un magasin.
Exemples :
Il arrive même qu'un mot désigne à la fois une chose et son contraire :
Les signes sont souvent organisés en systèmes. Les codes sont des systèmes de signes. Dans un système, chaque signe est distinct des autres et acquiert sa signification par opposition aux autres.
Alors qu’ils ont des traits communs, la table n’est pas un guéridon ni un bureau.
Un même signe a des significations différentes en fonction du système auquel il appartient. Aussi, pour interpréter correctement un signe, il est nécessaire de le replacer dans le système auquel il appartient.
La couleur jaune est associée à la noblesse dans la culture chinoise alors qu’elle connote la lâcheté aux Etats-Unis.
Le message est le produit de la mise en relation des signes les uns avec les autres. On remarque deux types de relations :
| Axe syntagmatique (combinaison) | ||
Axe paradigmatique (substitution) | Sujet | Verbe | Complément |
Le chat | Mange | La souris | |
Le félin | |||
Mistie |
Un paradigme est un ensemble constitué des unités substituables dans un contexte donné. On parle d’axe paradigmatique. Dans une relation paradigmatique, l’élément présent dans l’énoncé est opposé à tous les éléments absents qui auraient pu lui être substitué.
« Le chat », « le félin » ou « Mistie » sont trois signifiants différents qi désigne le même signifié : ils sont synonymes. Néanmoins, le choix de ces signifiants par rapport aux autres est significatif, du fait des connotations attachées à chaque mot.
La phrase Jacques est un gratte-papier » ajoute une nuance de mépris à la phrase « Jacques est un employer de bureau » qui a pourtant la même signification. Le signifié exact se trouve donc par opposition aux signifié des signifiant qui ont été écarté.
Un syntagme est une séquence d’unité de longueur variable (mot, groupe de mots, proposition, phrases). Les relations syntagmatiques concernent les éléments mis en présence dans un même énoncé. On parle d’axe syntagmatique. Le sens peut varier en fonction de la place du signe sur l’axe syntagmatique.
Alors qu’une phrase comme « Le chat / a mangé / la souris » ressorti à une situation banale, la phrase « La souris / à mangé / le chat » renvoie à un univers fantastique. « La souris / est mangée / par le chat » a la même signification, à ceci près que l’accent est mis sur la souris.
La pragmatique est la science qui vise à interpréter les messages en fonction de leur contexte et qui interprète le sens des énoncés en tenant compte de leur situation d’énonciation.
a. définition
La dénotation désigne le lien qui unit le signifiant à un référent signifié. Elle est donnée par la définition du dictionnaire.Peut s’y ajouter un autre type de relation entre le signifiant et le signifié : la connotation. Celle-ci ne change rien à la signification dénoté du référent ou dénotation. Elle se superpose éventuellement. Son interprétation relève de la stylistique, de la psycho- ou de la socio-linguistique.
Le mot « char » employé au Québec a un sens dénoté de « véhicule à quatre roue muni d’un moteur », mais utilisé en France, s’y ajoute une connotation de l’origine québécoise du locuteur. Une copie d’examen mal présentée, négligée, connote un manque de soin ou d’attention.
b. Importance des connotations
Les connotations peuvent ajouter au signifiant des signifiés liés à l’origine du locuteur (régionalisme), au registre de langue et/ou à l’appartenance sociale, à l’archaïsme, à l’amélioration ou à la péjoration, aux sentiments et/ou aux convenances.
« Un vieux » / « une personne âgée » / « un sénior »/ « un vieillard » connote des intentions différentes.
Les connotations dépendent du contexte : la connotation se fait ainsi souvent ressentir par l’écart que le signifiant employé représente par rapport au signifié attendu.
La tenue attendue costume – cravate dans une banque ne connote rien de particulier. Portée lors d’une réunion informelle, elle connote le refus de céder à la familiarité.
Un même signifiant peut cumuler pour la même dénotation plusieurs connotations.
Le mot « caisse » employé pour désigner une voiture connote à la fois la familiarité et la péjoration.
a. La modalisation
Un émetteur peut manifester une attitude particulière par rapport au message qu’il produit et en changer ainsi la signification profonde. Il peut insister sur sa véracité ou au contraire le mettre en doute ou encore montrer qu’il le rejette.
La manifestation de cette attitude s’appelle la modalisation. Pour interpréter un message, on s’attache à repérer :
« Peut-être », « serait » / « à coup sûr », « certainement »
La campagne publicitaire lancée par l’Office national du tourisme tunisien pour relancer l’activité à la suite des évènements révolutionnaires de fin 2010 joue sur la mise à distance ironique du discours ambiant concernant l’état du pays avec par exemple le slogan « On raconte que la Tunisie est un champ de ruines » accompagnant une vue de ruines antiques. L’image confirme le propos rapporté dans le slogan, mais donnant un sens positif au mot ruine, en décalage complet avec les préjugés qu’il véhicule. Il faut donc comprendre le slogan à l’inverse de ce qu’il semble signifier au premier abord.
b. L’implicite et l’explicite
Le sens d’un énoncé ne tient pas seulement à la signification littérale des mots qui le composent et qu’analyse la sémiologie, mais aussi à la situation dans laquelle il est produit. En effet, un même énoncé n’a pas la même signification suivant le contexte dans lequel il est produit. Dans certain cas, sa signification réelle n’est pas énoncée, on dit qu’elle est implicite. Pour être interprété, le message nécessite alors de la par de l’interprétant un certains nombre d’opérations.
Pour comprendre la phrase « Je dois dormir tôt ce soir » comme réponse négative à la question « Veux-tu un café ? », il faut :
Ainsi, le contenu explicite des messages doit-il souvent être complété par un contenu implicite.
Une phrase comme « Maman est sortie de l’hôpital » peut se comprendre de trois manières :
a. Le triangle sémiologique
La correspondance entre les signes et l’objet n’est donc pas forcement évidente, naturelle ou nécessaire. En réalité, elle est toujours établie par un interprétant.
Un rire peut être perçu différemment par différents interprétants : connivences, ironie, moquerie… Le mot « table » peut renvoyer, selon l’interprétant à différentes présentation de l’objet : table rustique ou design, table de travail ou de repas…
L’interprétant décode le signe en fonction de ce qu’il connait du code, mais aussi de sa culture, de se sensations, de ses valeurs et de ses motivations (raison pour lesquelles il s’intéresse ou non aux signes).
L’interprétant trie ce qui, selon sa culture, sa nature ou sa motivation fait signe et qu’il juge pertinent. Il ignore tous les autres signes ou les considère comme un bruit (éléments qui perturbent la communication). Pour bien communication, il est donc nécessaire de susciter son intérêt.
Les visuels de la campagne de l’Office du tourisme de Tunisie associé à leurs slogans présentent des jeux de mots qui retiennent l’attention de qui ont suivi les événements. Pour qui n’aurait pas été informé, reste la force des visuels.
Un signe se définit dont par la mise en relation par un interprétant d’un signifiant et d’un signifié. La relation entretenue par le signifiant, le signifier et l’interprétant forme ce que Pierce a nommé le triangle sémiotique.
b. Les limites du traitement de l’information et l’importance du récepteur
Par la suite de la complexité de la tâche de l’interprétation, le décodage parfait du massage n’est jamais garanti. Dans la plupart des situations de communication, on observe une distorsion du contenu du message entre son encodage et son décodage : malentendus, faux-sens, contresens, incompréhensions…
Le communicant veillera donc à adapter son message à la motivation et aux compétences de la cible censée l’interpréter.
Il faut donc bien distinguer un sujet destinataire idéal qui correspondrait à l’image que s’en fait l’émetteur et qui comprendrait le message comme ce dernier le souhaite, d’un sujet interprétant avec une identité psychologique socio-culturelle propre.
Ce dernier recours pour interpréter le message à des inférences diverses (similitude, déduction, conformité ou non de l’énoncé par rapport aux attentes…), à l’analyse du contexte (situation d’énonciation, image du récepteur…), à son système de valeur (gestion des faces, positionnement…).
Selon H.P. Grice ou O. Ducrot, tout être raisonnable se conforme, pour produire ou interpréter un message, à un principe général de coopération avec les autres, valable pour toute situation de communication, et qui se décline en différentes règles :
La politesse consiste à adoucir les actes de langage dans le souci de la préservation et de la valorisation des faces.
Selon P. Brown et S. Levinson, le degré de politesse varie en fonction de trois facteurs :
La politesse repose sur l’usage de certaines figures de rhétorique comme l’euphémisme, la litote ou l’hyperbole.
Le récepteur présuppose, pour interpréter le message, que celui-ci est conforme aux règles de la communication.
En cas de transgression apparente d’une des règles de coopération, le récepteur reconstruit le message.
Un message comme : « La fenêtre est ouverte » peut sembler en contradiction avec la règle de relation car il semble n’apporter aucune information au récepteur. Celui-ci rétablit alors le sens du message en fonction du contexte : « j’ai froid, il faut fermer la fenêtre ».
De même, beaucoup d’énoncé ne sont interprétables que si l’on prend en compte l’exigence de politesse qui a influé sur leur production
« Asseyez-vous donc deux minutes » se comprend : « Asseyez-vous au moins deux minutes », en contradiction avec la règle de quantité qui exige la précision de l’information.